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La Vendée errante

La virée de Galerne

Loin de chez eux, en proie à la faim et à la maladie, les Vendéens n’ont plus qu’une idée en tête : regagner la terre natale. Au prix de nouveaux combats, de nouvelles épreuves. Sur les 100 000 partis deux mois plus tôt, 4 000 à peine réaliseront ce rêve.

Les répercussions de l'échec de Granville

Jusqu'ici, l'exode s'est fait dans des conditions matérielles et morales difficiles, certes, mais quelque soixante mille personnes sont parvenues, en moins d'un mois, à couvrir plus de trois cents kilomètres, en trouvant, vaille que vaille, des solutions aux problèmes de cantonnement et surtout de ravitaillement que posait le déplacement d'une telle cohue. Qui plus est, les Vendéens ont réussi à battre les redoutables troupes de Kléber à Entrammes et à faire capituler les petites garnisons des villes devant lesquelles ils se sont présentés : la terreur qu'ils inspirent est pour eux un allié précieux, de même que la médiocrité de l'armée républicaine, paralysée notamment par les divisions au niveau du commandement. Et quelles que soient les terribles fatigues qu'entraîne cette marche harassante dans des chemins défoncés par les pluies d'automne, et les doutes qui commencent à se faire jour, la perspective d'atteindre un port où l'on pourra se mettre sous la protection des Anglais soutient le moral de tous. C'est pourquoi l'échec devant Granville a une si profonde répercussion.

Amères victoires

les vendeens, retour au pays pendant la guerre de Vendée
Si le trajet d'aller avait été difficile, le retour s'opère dans des conditions dramatiques. En effet, le nombre des blessés et des malades ne fait que croître. Et le ravitaillement devient de plus en plus problématique, car, jusqu'à Laval, les Vendéens reprennent la route de l'aller et traversent des villes et des villages qu'ils ont vidés de toutes leurs ressources alimentaires quelques jours ou quelques semaines plus tôt. Seuls peuvent espérer trouver quelque chose les maraudeurs s'éloignant toujours plus loin de la colonne, au risque de se faire massacrer. Les moins chanceux, qui sont les plus nombreux, trompent leur faim avec des pommes à cidre. Par ailleurs, les conditions sanitaires sont de plus en plus déplorables et la dysenterie fait bientôt des ravages, clairsemant les rangs et laissant le triste sillage de morts et de mourants propageant le mal à leur tour. De ce seul fait, le nombre des combattants s'amenuise.
Le 18 novembre, les Vendéens arrivent devant Pontorson et battent les troupes de Tribout. Le 20, ils arrivent à Dol. Le lendemain matin, Westermann, qui commande la cavalerie républicaine, attaque la ville, mais échoue. Le soir, il renouvelle sa tentative et est à nouveau repoussé. Le 22, Stofflet pénètre par surprise dans Antrain et massacre les républicains qui s'y trouvaient ; les survivants, terrifiés, fuient jusqu'à Rennes, Angers et Nantes. La route du retour est donc libre.

Ce 23 novembre 1793, l'Armée catholique et royale se retrouve a Fougères

Le samedi 23 novembre à Antrain. (Ille-et-Vilaine), le prince de Talmont propose que l'on retourne à Granville afin de tenter, une nouvelle fois, d'occuper le port. On ne peut donner suite à ce projet car les Vendéens, épuisés et découragés. refusent d'obéir à cet ordre.
Ce 23 novembre, l'Armée catholique et royale se retrouve a Fougères qu'elle occupe sans rencontrer la moindre résistance. Elle s'y repose quelques heures, le temps de mettre à l'hôpital les blessés que les Bleus massacreront. Le dimanche 24 novembre elle est à Laval que les Républicains, épouvantés, ont rapidement évacuée. Elle gagne ensuite La Flèche, puis Durtal. Hommes et chevaux tombent de fatigue. On abandonne les caissons.

Le moral des Blancs est très bas

virée de galerne
Tout l'Ouest républicain est saisi de frayeur. Et pourtant... le moral des Blancs est très bas. Ils sont épuisés par les combats et les longues marches. Ils ont le mal du pays. Eux qui avaient vu le salut dans le passage de la Loire veulent maintenant rentrer chez eux. Et ce retour sera un calvaire.
L'Armée catholique et royale n'a plus la fière allure des premiers jours quand, au lendemain du passage de la Loire, elle défilait dans les villes et les bourgades drapeaux et tambours en tète. Seuls quelques détachements observent encore une certaine discipline et obéissent à leurs chefs.
Le reste de la troupe se traîne dans le plus grand désordre. Quelques soldats ont même perdu leurs armes.
On voit des hommes et des femmes quitter la colonne et s'en aller quémander dans les fermes un morceau de pain ou une tranche de lard. Le ravitaillement de cette foule est mal assuré et tous souffrent de la faim. De la soif aussi.
Ce n'est plus désormais qu'une pauvre Vendée errante...
Des femmes et des prêtres se penchent sur ceux qui souffrent leur apportant le seul réconfort de leurs paroles de consolation et de leurs prières. Les médecins manquent de médicaments pour soulager ceux qui ont besoin de leur secours.
La dysenterie, cette maladie due surtout à une mauvaise nourriture à base de pommes et de galettes de blé noir ou à l'absorption d'eaux polluées, fait de terribles ravages. Les femmes, les vieillards et les enfants en sont les premières victimes.
Les blessés et les malades, quand ils ne peuvent monter à bord d'un chariot ou d'une carriole, se laissent tomber dans les fossés au bord de la route ou ils n'ont plus qu'à y attendre la mort, une mort qu'ils souhaitent prochaine s'ils ne veulent pas être égorgés par les Bleus lancés à leur poursuite.
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